Numéros 64, 65, 66

 

n° 64 -2024 

La formation continue saisie par le droit

couverture n°64Éditorial

Damien Brochier

Note de synthèse

Pascal Caillaud, Jean-Marie Luttringer, La formation continue
saisie par le droit

Articles de rechercheResearch papers

Marine Roche, Hugues Pentecouteau, Jérôme Eneau, Geneviève Lameul, Éric Bertrand, L’autorégulation des apprentissages dans une formation pour adultes

Caroline Fairet, Muriel Grosbois, Dynamique interactionnelle au prisme du concept d’« apprenance » : trajectoires d’adultes professionnels apprenants d’anglais dans un dispositif institutionnel qui inclut le « Wild ».

Comptes rendus de lecture

Danvers, F. S’orienter dans la vie : quel accompagnement à l’ère des transitions ? Pour des sciences pédagogiques de l’orientation. Lille : Presses universitaires du Septentrion, 5 tomes, 2660 p. [ Jean-Pierre Boutinet]

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Éditorial

Comme en témoignent notamment les nombreux articles parus dans la revue Savoirs depuis 20 ans (voir le numéro 61-62), la formation des adultes constitue un champ de recherches particulièrement fécond dans les sciences humaines et sociales. Si celui-ci a été largement investi par des chercheurs en sciences de l’éducation, en sociologie ou en économie, il est également l’objet d’une attention particulière dans le monde du droit.
Cet intérêt des juristes pour la formation des adultes découle largement de la haute fréquence des réformes qui ont fait évoluer le système de formation des adultes ces cinquante dernières années, depuis le texte « portant organisation de la formation professionnelle dans le cadre de l’éducation permanente » du 16 juillet 1971, souvent qualifié de « fondateur », jusqu’à la récente loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » du 5 septembre 2018. La formation des adultes constitue ainsi un objet juridique parfaitement identifié, qui fait l’objet d’analyses régulières et approfondies de la part d’une communauté active de juristes, notamment dans la revue Droit social. Sans parler d’une véritable dichotomie entre l’approche juridique de la formation des adultes et l’étude de ses dimensions pédagogiques, sociologiques ou économiques, force est cependant de constater que le droit constitue encore un univers singulier, peu mobilisé par les autres disciplines.
Le pari de la note de synthèse proposé dans le présent numéro est précisément de montrer que la compréhension du socle juridique de la formation pour adultes et l’analyse de ses multiples évolutions depuis un demi-siècle représentent des apports essentiels pour mieux analyser la dynamique globale et multiforme du système français de formation pour adultes.
Pascal Caillaud et Jean-Marie Luttringer représentent à cet égard des auteurs particulièrement adaptés à cet exercice, compte tenu de leur volonté constante de faire de la pédagogie du droit de la formation des adultes. Leur texte permet d’abord de comprendre que la formation pour adultes n’est pas cantonnée au seul droit du travail mais s’ancre dans plusieurs branches du droit, notamment le droit international (à travers des conventions ratifiées par la France) ou le droit de la consommation (pour ce qui concerne les contrats de formation passés avec des organismes de formation).
Il montre également que la notion de formation continue, loin d’être immuable, est au contraire « le produit d’une histoire juridique progressive » qui s’ancre dans une histoire longue qui commence dès la Révolution française et s’épanouit avec la loi de 1971, pour connaître ensuite de multiples déclinaisons. Sont bien identifiés deux moteurs centraux de cette transformation des règles juridiques en matière de formation d’adultes.
Le premier, que résume le qualificatif de « loi négociée », tient à la place particulière occupée par les partenaires sociaux. Celle-ci repose sur un processus qui fait systématiquement précéder le vote de chaque loi sur la formation pour adultes de l’élaboration et de la signature d’un accord national interprofessionnel (ANI) entre partenaires sociaux. Le deuxième moteur est constitué par le rôle important des juges qui, à travers la jurisprudence, contribuent à apporter des précisions ou définir des limites dans le domaine de la formation des adultes.
Enfin, au moment où le développement du Compte Personnel de Formation (CPF) rebat les cartes en matière d’accès des adultes à la formation en promouvant leur « liberté de choisir [leur] avenir professionnel », la note éclaire d’un point de vue juridique les enjeux et l’exercice de cette liberté, aussi bien pour les employeurs que pour les individus. La lecture de cette note de synthèse constitue au final un détour intellectuel salutaire et indispensable pour baliser de manière efficace les recherches et analyses pédagogiques, sociologiques ou économiques sur la formation d’adultes, en rappelant que celle-ci est « à la fois un acte de liberté, une source de responsabilité et un objet de garanties collectives et sociales ».

Damien Brochier

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Communications de recherche
résumés
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Pascal Caillaud,
Chargé de recherche au CNRS en Droit social, Laboratoire « Droit et Changement social » (UMR 6297 CNRS) – Université de Nantes Directeur du Centre associé au Céreq de Nantes
Jean-Marie Luttringer
Ancien Professeur associé à l’Université Paris Nanterre, Expert en droit et politiques de formation

La formation continue saisie par le droit

Comme tout corpus juridique, le droit de la formation professionnelle continue se caractérise par des normes, des institutions, des prérogatives et des obligations particulières, fruits d’une évolution historique donnée. La formation continue obéit ainsi à un régime juridique aux sources éclatées, donnant une place singulière aux partenaires sociaux, tout en étant soumis au pouvoir créateur des juges. Saisie par la législation comme un objet juridique particulier, elle s’accompagne d’un droit à l’information, au conseil et à l’orientation professionnelle pour le bénéficiaire, en activité comme en recherche d’emploi. Son accès dans l’entreprise s’organise entre libertés et obligations pour l’employeur et le salarié, dans un écosystème institutionnel soumis aux enjeux de financement. Enfin, sa reconnaissance soulève des problématiques de certifications, de classifications et de qualification professionnelles, au cœur des relations professionnelles. À l’aube d’une nouvelle réforme annoncée, les mutations contemporaines de la société conduiront inévitablement à une nouvelle adaptation de ce droit. Acte de liberté, source de responsabilité, objet de garanties collectives et sociales, la formation professionnelle n’a pas fini d’être « saisie » par le droit.
Mots-clés : formation professionnelle, formation tout au long de la vie, partenaires sociaux, droit du travail, négociation collective, compte personnel de formation, certifications professionnelles, qualifications, organismes de formation

Vocational training within the framework of the law

Like any legal corpus, the vocational training law is characterized by specific standards, institutions, prerogatives and obligations, fruit of a given historical development. Vocational training is governed by a legal system with fragmented sources, giving a singular place to social partners, while at the same time being subject to the creative power of judges. Seized by legislation as a specific legal object, it’s accompanied by a right to information, advice and professional guidance for the beneficiary, whether in employment or unemployed. Access to it in firms is organized between freedoms and obligations for both employer and employee, in an institutional ecosystem subject to funding issues. Finally, its recognition raises issues of professional certifications, classifications and qualifications, at the heart of industrial relations. Before a new announced reform, society changes will inevitably lead to a new adaptation of this law. As an act of freedom, a source of responsibility and an object of collective and social guarantees, vocational training will continue to be “seized” by the law.
Keywords: vocational training, lifelong learning, social partners, labor law, collective bargaining, personal training account, professional certifica- tions, qualifications, training bodies

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Marine Roche
Ingénieure de recherche en sciences de l’éducation et de la formation, CREAD, Université Rennes 2
Hugues Pentecouteau
Professeur des Universités en sciences de l’éducation
et de la formation, Université Rennes 2, CREAD
Jérôme Eneau
Professeur des Universités, Université Rennes 2
Geneviève Lameul
Professeure des Universités en sciences de l’éducation et de la formation, Université Rennes 2
Éric Bertrand
Maître de conférences en sciences de l’éducation et de la formation, Université Rennes 2

L’autorégulation des apprentissages dans une formation pour adultes : L’exemple de la demande d’aide et l’utilisation d’une plateforme d’apprentissage en ligne

Cet article présente une étude empirique sur les stratégies d’autorégulation dans le cas d’une formation pour adultes. Il s’agit plus particulièrement d’interroger les deux stratégies d’apprentissage que sont les seeking information et seeking social assistance (Zimmerman et Pons, 1986). L’objectif est d’identifier et de décrire les pratiques de demande d’aide des apprenants durant l’utilisation de formation en ligne. Le terrain de la recherche est une formation destinée aux adultes et vise une insertion professionnelle dans le domaine du numérique. À partir de 23 entretiens semi-directifs recueillis auprès des stagiaires de la formation, l’analyse souligne une diversité des pratiques de demande d’aide. Les résultats montrent l’existence de règles de préférence des stagiaires pour déterminer la source d’aide la plus adaptée à leur besoin selon le contexte de la demande d’aide.
Mots-clés : formation en ligne, autorégulation, demande d’aide, formation d’adultes

Self-regulated learning among adult learners. Drawing on examples of help-seeking during e-learning training sessions

This article presents an empirical study that focuses on adult learners’self-regulatory strategies. Specifically, it questions two learning strategies, i.e., “seeking information” and “seeking social assistance” (Zimmermanand Pons, 1986). It seeks to identify and describe how learners seek helpduring online training sessions. The study is based on an adult trainingprogram aimed at professional integration into the digital field. Drawingon 23 semi-structured interviews collected from learners, the findingshighlight the diverse ways in which these learners request for help. Theresults show that these learners are guided by specific rules which they useto determine the source of aid best suited to their needs according to thecontext in which this help is sought.
Keywords: online training, self-regulated learning, help seeking, adulttraining

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Caroline Fairet
Doctorante en Humanités nouvelles, spécialité apprentissage
des langues, Laboratoire FoAP, CNAM

Muriel Grosbois
Professeur des Universités en anglais, Laboratoire FoAP, CNAM, EA7529

Dynamique interactionnelle au prisme du concept d’« apprenance » : trajectoires d’adultes professionnels apprenants d’anglais dans un dispositif institutionnel qui inclut le « Wild »

Notre étude longitudinale pilote vise à identifier et comprendre les trajectoires d’apprentissage de l’anglais par des adultes professionnels dans un dispositif hybride qui articule un environnement institutionnel avec les contextes d’usage et d’apprentissage en dehors de la classe ou « Wild ». Ces trajectoires sont explorées sous l’angle de la dynamique interactionnelle au prisme du concept d’«apprenance» (Carré, 2005). Une analyse qualitative et quantitative des données a été conduite sur la base de questionnaires, journaux de bord, récits d’apprentissage et entretiens semi-directifs. Les résultats permettent d’identifier les effets de la dynamique dans le temps en termes d’apprentissage de la langue et de dispositions à apprendre. Ils montrent comment le concept d’« apprenance » peut-être envisagé à la fois comme un cadre épistémologique, un outil d’analyse et un support à la conception de dispositifs d’apprentissage favorisant le développement de dispositions à apprendre tout au long de la vie.
Mots-clés : apprenance, apprentissage des langues, environnements d’apprentissage, apprentissage tout au long de la vie

Interactional dynamics in light of the concept of “apprenance”: the trajectories of adult learners of English in a blended learning environment combining an institutional setting and opportunities in the “Wild”

This longitudinal pilot research aims to identify and understand the trajectories of adult learners of English in a blended learning environment which interfaces an institutional context with the opportunities to use and learn English in the “Wild”. Their trajectories are explored from the interactional dynamics perspective in light of the concept of “apprenance” (Carré, 2005). A qualitative and quantitative approach was conducted using questionnaires, logbooks, learning narratives, and semi-structured interviews. The results allow us to identify the effects of the dynamics over time in terms of L2 learning and dispositions to learn. They also unveil how the concept of “apprenance” can be conceived as an epistemological framework, an analytical tool and a support for the design of institutional learning environments that promote lifelong learning dispositions.
Keywords: apprenance, language learning, learning environments, life-long learning

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n° 65 -2024 

Les dynamiques temporelles en formation

couverture n°64Éditorial

Véronique Tiberghien

Note de synthèse

Pascal Roquet, Jean-Pierre Boutinet, Les dynamiques temporelles
présentes dans les formations tout au long de la vie

Articles de rechercheResearch papers

Pauline Born, Une approche genrée de sélection au cours des premières années d’engagement chez les sapeurs-pompiers volontaires.

Vie de la recherche

Christophe Jeunesse, Dina A Dinda, Olivier Las Vergnas, Recherches doctorales et HDR intéressant la formation des adultes soutenues en France de 2020 à 2023 et accessibles en ligne sur HAL.

Comptes rendus de lecture

Heslon, C. (2021). Psychologie des âges de la vie adulte. Vie plurielle et quête de soi. Paris : Dunod, 245 p. [Philippe Carré]
Granjon, F. (2022). Classes populaires et usages de l’informatique connectée : des inégalités sociales-numériques, Paris, Presses des Mines, 360 p.
[Marie Buscatto]
Verrier, C. (2023). Regards actuels sur l’autodidaxie et les autodidactes. Paris : Petra, 261 p. [Gaston Pineau]

Lucie Mottier Lopez, Hommage à Pierre Dominicé.

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Éditorial

Les Sciences Humaines et Sociales se sont intéressées depuis longtemps à la question des temporalités pour étudier à la fois la perception humaine du temps et son organisation sociale. Les recherches concernent les rapports des sociétés au temps et la production sociale des temporalités, les représentations du temps des individus ou groupes d’individus, les tensions entre le temps imposé et institué et le temps vécu et subjectivé, l’articulation des différentes échelles du temps, etc.1 . Selon l’angle disciplinaire de référence (philosophie, sociologie, psychologie sociale…), les temporalités revêtent des caractéristiques spécifiques renvoyant aux aspects pluriels de cette question du temps. C’est aux temporalités éducatives et formatives qu’est consacrée la note de synthèse présentée dans le présent numéro. Pascal Roquet et Jean Pierre Boutinet proposent une réflexion sur les dynamiques temporelles qui sous-tendent la rénovation de la formation tout au long de la vie de ces dix dernières années en mettant en perspective la littérature produite sur ces questions. Ces dynamiques temporelles s’avèrent reliées aux environnements sociaux et économiques actuels marqués par la mobilité, le changement incessant, l’immédiateté et la flexibilité. Mais en même temps elles s’inscrivent dans le vécu propre à chaque individu, dans son rapport au temps et dans ses croyances. Au cœur de l’analyse émerge la notion de « temps paradoxal ». D’emblée, les auteurs mettent en évidence deux « façons de problématiser le temps en éducation et formation » (p. 4) et opposent les travaux de deux pionniers de la recherche sur le temps en formation d’adultes, Jacques Ardoino et Gaston Pineau. Le premier, inspiré par Henri Bergson, met l’accent sur la durée créatrice, le mouvement et le cheminement individuel qui caractérisent les temps humains et qui s’opposent au temps rationnel et institutionnel des systèmes scolaires et de formation. Le second, puisant dans la pensée de Gaston Bachelard, propose un modèle complexe et dialectique faisant alterner un temps de formation expérientielle et un temps de formation formelle instituée, permettant alors de juxtaposer la formation de soi par soi, la formation par l’autre et la formation par les environnements et les situations. On reconnaît là les apports fondamentaux de Gaston Pineau à la compréhension de ce qu’est l’autoformation.

Ces oppositions servent de fil conducteur à la présentation des évolutions de la formation d’adultes de ces dernières années. Pour les auteurs, toute mise en œuvre d’un programme de formation implique une cohabitation, parfois fragile, entre des temporalités paradoxales : un passé lié au programme de formation préalablement conçu et institutionnalisé, le présent de la négociation du projet de formation et de la mise en œuvre de l’action et enfin l’avenir envisagé sous l’angle des retombées futures. C’est à l’aune de cette question des temporalités paradoxales que les auteurs passent en revue sept figures dominantes de la formation tout au long de la vie marquant le début du 21e siècle, en se référant aux principaux auteurs s’intéressant à la question du temps. Sont ainsi mises en évidence la temporalité duale de l’alternance prenant la forme d’une confrontation entre le temps de l’expérience professionnelle et celui de la mise à distance de cette expérience ou encore celle de l’accompagnement (coaching, tutorat, mentorat…) mettant en tension la posture relationnelle présentiste et la posture projective tournée vers un but commun aux partenaires impliqués. De la même façon, les Actions de Formation en Situation de Travail (Afest), plus récentes, se déroulent selon plusieurs étapes entrecroisant une pluralité de rapports au temps. Quant à la Formation à Distance (Foad), elle se base sur une hybridation présence/ absence, porteuse d’autonomie et de liberté pour les apprenants. La note de synthèse permet de relier des travaux aux références disciplinaires variées, mais partageant le même intérêt pour les rapports sociaux et individuels au temps en formation d’adultes. Les auteurs concluent leur ana- lyse en soulignant le passage récent dans les sciences humaines et sociales de la notion de trajectoire à celle de parcours de vie. Ce changement de paradigme renvoie à une reconfiguration des rapports au temps, davantage reliés à l’agentivité des acteurs et à leur autonomisation.

Le texte de P. Roquet et J.-P. Boutinet est suivi d’un article de Pauline Born consacré à la formation de base s’adressant à des sapeurs-pompiers volontaires. À partir de données qualitatives, l’auteure analyse les obstacles spécifiques rencontrés par les femmes durant leur parcours et met en évidence les freins liés au genre impactant l’engagement dans l’activité et la construction de l’identité professionnelle.

La rubrique « Vie de la recherche » s’enrichit d’une dixième contribution, rédigée par C. Jeunesse, D. Adinda et O. Las Vergnas. Elle complète les contributions précédentes concernant la production des thèses sur la formation d’adultes. Les auteurs se sont intéressés cette fois-ci aux thèses et HDR soutenues en France entre 2020 et 2023 et ont exploité les documents déposés pour cette période dans l’auto-archive ouverte HAL.
Trois comptes rendus de lecture viennent clore ce numéro 65.

Véronique Tiberghien

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Note de synthèse
résumé

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Pascal Roquet
Foap, Conservatoire National des Arts et Métiers
Jean-Pierre Boutinet
Professeur émérite, Université Catholique de l’Ouest à Angers

Les dynamiques temporelles présentes dans les formations tout au long de la vie

Résumé
La variété actuelle des actions de formation entrant dans le dispositif de la formation tout au long de la vie sollicite une réflexion sociétale sur les différentes dynamiques temporelles qui les sous-tendent et leur donnent sens. Ces dynamiques en effet dans leur diversité mais aussi leur singularité constituent l’un des paramètres essentiels pour déterminer la pertinence d’une formation et sa capacité à coopérer avec les temporalités ambiantes.
En partant des problématiques temporelles de deux pionniers marquants en sciences de l’éducation et de la formation, Ardoino et Pineau, deux façons de problématiser le temps en formation ont été identifiées qui toutes les deux mettent en évidence des temporalités paradoxales à faire cohabiter.
Ce sont sept figures typiques de ces temporalités paradoxales qui ont pu être relevées dans la littérature scientifique, principalement francophone, qui sont mises en évidence dans la suite de la Note de synthèse, ouvrant sur des perspectives pour des cheminements pluriels dans les démarches de formation et d’apprenance adultes.
Mots-clés : dynamiques temporelles, temporalités paradoxales, formation et temporalités, formations tout au long de la vie

Temporal dynamics of the lifelong learning system

The current variety of adult training actions being part of the lifelong learning system requires societal reflection on the different temporal dynamics that underlie them and give them meaning. These dynamics in their diversity but also their singularity constitute one of the essential parameters for determining the relevance of a training course and its capacity to cooperate with the ambient temporalities. Starting from the temporal issues of two notable pioneers in the sciences of education and training, J. Ardoino and G. Pineau, two ways of problematizing time in training have been identified
which both highlight paradoxical temporalities that need to cohabit. There are seven typical figures of these paradoxical temporalities which have been noted in the scientific literature, mainly French speaking, highlighted in the rest of the review, opening on perspectives for plural paths in the training approaches and of adult learning.
Keywords : temporal dynamics, paradoxical temporalities, training and temporalities, lifelong learning

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Communications de recherche
résumés
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Pauline Born
Docteure en sciences de l’éducation et de la formation, IREDU, Université de Bourgogne

Une approche genrée de sélection au cours des premières années d’engagement chez les sapeurs-pompiers volontaires

Résumé

Cet article s’intéresse à l’intégration des femmes chez les sapeurs-pompiers volontaires. S’appuyant sur un cadrage théorique consacré à l’engagement et à l’identité professionnelle, il se concentre sur les premières années d’engagement, dédiées essentiellement au suivi de la formation initiale obligatoire. À partir d’une méthodologie qualitative, l’article propose une analyse des obstacles rencontrés par les femmes au début de leur parcours de sapeur-pompier volontaire, au cours de leur formation initiale et dans la vie à la caserne. Les résultats montrent que les difficultés auxquelles elles font face ont un impact sur leur développement identitaire et la poursuite de leur engagement. Le milieu semble toujours souffrir d’une approche genrée de sélection.
Mots-clés : sapeur-pompier volontaire, formation, engagement, identité professionnelle

A gendered approach to selection during the first years of volunteer firefighter service

This article looks at the integration of women into the volunteer fire service. Based on a theoretical framework devoted to commitment and professional identity, it focuses on the first few years of commitment, essentially devoted to completing the compulsory initial training. Using a qualitative methodology, the article analyses the obstacles encountered by women at the start of their career as volunteer fire fighters, during their initial training and in their life at the fire station. The results show that the difficulties they face have an impact on the development of their identity and the continuation of their contract. The field still seems to suffer from a gendered approach to selection.
Keywords: volunteer firefighter, training, commitment, professional identityg

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Vie de la recherche résumés

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Christophe Jeunesse
Équipe Cref-ApForD, Université Paris-Nanterre
Dina Adinda
Équipe Cref-ApForD, Université Paris-Nanterre
Olivier Las Vergnas
Équipe Cref-ApForD, Université Paris-Nanterre ; équipe Cirel-Trigone, Université de Lille

Recherches doctorales et HDR intéressant la formation des adultes soutenues en France de 2020 à 2023 et accessibles en ligne sur HAL

Résumé
Cet article analyse les thèses de doctorat et les mémoires d’habilitation à diriger des recherches (HDR) portant sur la formation des adultes, soutenus en France entre 2020 et 2023. Dans une logique de science ouverte, les auteurs se sont concentrés sur les documents déposés pour cette période dans l’auto-archive ouverte HAL. Selon les principes mis au point dans les articles précédents de cette rubrique, ils ont recherché la présence de termes clés (caractéristiques de la formation des adultes) respectivement dans les titres ou dans les résumés. Ont été ainsi identifiés un « noyau dur » de 85 thèses et 5 HDR, et un « second cercle » de 93 autres thèses et 5 autres HDR. Les lexiques repérés dans le corpus retenu sont peu différents de ceux trouvés sur la période précédente, malgré quelques variations notables, comme le renforcement de certaines classes de lexiques ou ceux concernant la « didactique professionnelle » et la « qualification emploi et conseil ». On peut imaginer que leurs montées en puissance ne sont pas sans rapport avec des questionnements liés à la loi de 2018 et à une certaine croissance de la formalisation par les référentiels de compétences.
En revanche, aucun impact direct de la Covid-19 n’a été détecté, très probablement en raison de la proximité temporelle de la période étudiée avec l’épidémie. Des comparaisons plus approfondies sont prévues dans le prochain article de la rubrique.
Mots-clés : formation des adultes, thèses de doctorat, didactique professionnelle, qualification emploi, bibliométrie

Doctoral and HDR research relevant to adult education in France from 2020 to 2023

This article analyzes doctoral theses and accreditation to supervise research (HDR) dissertations focusing on adult education, defended in France
between 2020 and 2023. Embracing the principles of open science, the authors concentrated on documents submitted during this period in the open self-archive HAL. Following the methodology developed in previous articles of this series, they searched for the presence of key terms (characteristics of adult education) in the titles or abstracts. Consequently, a “core group” of 85 theses and 5 HDRs, and a “second circle” of 93 other theses and 5 more HDRs were identified. The themes identified in the obtained corpus show little difference from those found in the previous period, despite some notable variations such as the strengthening of lexicons related to “professional didactics” and “employment qualification and counselling”. The increasing prominence of these lexicons likely relates to issues connected to the 2018 law and a rise in formalization through competency frameworks.
However, no direct impact of Covid-19 has been detected, most likely due to the temporal proximity of the studied period to the epidemic. More detailed comparisons are planned in the next article of the series.
Keywords: adult education, doctoral theses, occupational didactics, employment qualification, bibliometrics

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n° 66 -2024 

Écoformation

couverture revue Savoirs n° 66Éditorial

Olivier Las Vergnas

Note de synthèse

Gaston Pineau, Françoise Laroye-Carré , Écoformation ou écodéformation
permanente à l’ère de l’Anthropocène

Articles de rechercheResearch papers

Frédéric Torterat , Thérèse Perez-Roux , Christine Françoise, Discours critiques de formateurs expérimentés en contexte de réforme :à partir d’un corpus d’entretiens (2022-2023).

Joris Thievenaz , Marion Paggetti, Produire des connaissances transversales à partir d’une approche « micrologique » de l’activité : un défi pour l’analyse du travail en éducation-formation.

Comptes rendus de lecture

Gérard F. (2023). La formation en situation de travail. Le cas d’une grande entreprise de l’énergie. Mont-Saint-Aignan, Presses universitaires de Rouen et du Havre, coll. « La professionnalisation, entre travail et formation », 312 p. [Cédric Frétigné].
Maury Y., Paragot J.-M. (dir.) (2021). Apprendre, s’apprendre, faire apprendre : perspectives constructivistes en éducation. Paris, L’Harmattan, coll. « I.D/Émergences, cheminements et constructions de savoirs », 202 p. [Yannick Roussel].
Roupnel-Fuentes M., Heichett, S. et Glaymann D. (dir.) (2023). L’injonction à se former : nouvel avatar de l’adaptation des individus au marché ? Toulouse, Octarès, coll. « Le travail en débats », 233 p. [Cédric Frétigné ]

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Éditorial

Pour ce numéro 66, la revue Savoirs a choisi de proposer une note de synthèse qui se démarque de celles publiées habituellement. En effet, au lieu de traiter d’une thématique abondamment documentée et dont la difficulté d’approche vient de la complexité et de la diversité des travaux qui l’explorent, cette note de synthèse s’intéresse à un courant de pensée qui reste, selon les mots mêmes de ses inventeurs, « un néologisme en apparition », celui de l’écoformation.
Ce terme d’écoformation a été introduit au début des années 1990 par Gaston Pineau, alors professeur en sciences de l’éducation à l’Université de Tours, où il favorisait l’approche des histoires de vie comme méthode de recherche et de formation. Selon le blog dédié aujourd’hui aux travaux liés à cette notion, l’écoformation désigne « une exploration réflexive des relations entre soi, les autres et le monde ». La note de synthèse de ce numéro précise qu’il s’agit plus exactement d’examiner « la relation formatrice vitale entre le sujet et son environnement physique et social ».
Bien sûr, si la revue Savoirs a fait le choix de retenir ce concept pour une note de synthèse, c’est parce que ce courant semble aujourd’hui essentiel à comprendre et à explorer. Deux arguments majeurs soutiennent cette décision. Premièrement, l’écoformation représente un champ de réflexion particulièrement stimulant puisqu’il aborde une dimension restée jusqu’alors implicite à l’ère de l’Anthropocène, où l’impact de l’humanité sur l’équilibre climatique de la Terre est devenu un enjeu central dans les débats politiques et culturels. Deuxièmement, ce concept constitue un complément enrichissant pour éclairer les travaux existants sur les récits de vie en formation ainsi que sur la formation expérientielle en général.
Comme l’indique également le blog dédié : « Les recherches développées sur l’écoformation s’appuient sur des méthodologies réflexives (autobiographies, journaux, récits de pratiques, etc.) qui articulent des savoirs produits à partir de l’expérience vécue en première personne, avec des savoirs élaborés dans le cadre d’un dialogue collectif (seconde personne) et des savoirs savants ou traditionnels (troisième personne). […] Les crises environnementales de l’“ère planétaire” nous imposent de réapprendre à vivre sur Terre. Quels savoirs d’écoformation émergent des situations inédites vécues ? La première tâche de l’écoformation est d’ouvrir des espaces réflexifs et dialogiques afin de rendre ces nouvelles pratiques de relation à l’environnement plus conscientes. »
Le choix de la rédaction de Savoirs de mettre en avant un « néologisme en apparition », encore relativement peu diffusé en dehors du cercle de ses initiateurs, confère à cette note de synthèse des spécificités par rapport aux précédentes publications de Savoirs. En particulier, compte tenu du caractère d’histoire collective que prend forcément un tel travail, il est logique que le premier auteur de cette note soit l’inventeur même du concept et le principal acteur des travaux développés autour de celui-ci depuis plus de trente ans. Néanmoins, pour rester autant que faire se peut dans la logique de mise à distance qu’exige ce type de publication, cette consanguinité est équilibrée par l’apport de la seconde auteure, qui, elle, est positionnée dans une perspective plus distanciée, permettant d’élargir la réflexion, notamment en cinquième partie, aux liens entre l’écoformation et les enjeux démographiques, écologiques et professionnels du XXI e siècle.
En élargissant ce dialogue entre l’humain et son environnement et en le centrant sur la question des apprentissages expérientiels, l’écoformation pourrait bien être l’une des clés pour comprendre et relever les défis éducatifs et existentiels auxquels nous serons de plus en plus confrontés dans les décennies à venir alors que la logique de l’Anthropocène ne fera que s’accélérer.
Aux côtés de cette note de synthèse, ce numéro 66 propose également un article de recherche empirique et un article traitant d’enjeux théoriques.
Signé par F. Torterat, T. Perez-Roux et C. Françoise, l’article de recherche est titré « Discours critiques de formateurs expérimentés en contexte de réforme ». Il explore au travers de 27 entretiens la diversité des avis de formateurs en charge de supervision sur un contexte de réforme ayant fait l’objet de nombreuses contestations en 2019 en France.
Titré « Produire des connaissances transversales à partir d’une approche « micrologique » de l’activité : un défi pour l’analyse du travail en éducation-formation », l’article « enjeu théorique » est signé par J. Thievenaz et M. Paggetti. Sur ce sujet, les auteurs partent des difficultés rencontrées lorsque que l’on cherche à tirer des interprétations sur les principes qui organisent l’agir humain et sous-tendent les apprentissages qui lui sont liés en partant d’observations locales des activités des professionnels.
Enfin, ce numéro 66 est complété par trois comptes rendus de lecture et un appel à un nouveau type de contributions pour la revue Savoirs, qui devrait être particulièrement mobilisateur pour les doctorants et nouveaux collègues chercheurs.

Olivier Las Vergnas

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Note de synthèse
résumé

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Écoformation ou écodéformation permanente à l’ère de l’Anthropocène

Gaston Pineau
Professeur des Universités et chercheur émérite au Centre de Recherche en Éducation et Formation relatives à l’Environnement et à l’Écocitoyenneté (Centr’Ère) de l’Université du Québec à Montréal
Françoise Laroye-Carré
Directrice de projets L&D et chercheure associée au Centre de Recherche sur le Travail et le Développement (CRTD) du Cnam

Résumé
Cette note de synthèse explore la genèse de l’écoformation, néologisme encore peu connu. La première partie survole son émergence historique depuis la fin du XXe siècle, provoquée par la montée d’une crise écodéformatrice catastrophique. La deuxième et la troisième analysent cette émergence dans la construction tripolaire de sciences de la formation entre soi, les autres et les choses, à l’œuvre de façon expérientielle, transdisciplinaire et transcontinentale, est/ouest, nord/sud. Plus que comme unités séparées, ces « entre » invisibles mais vitaux sont travaillés de façon interactive, organique mais surtout transactionnelle, selon les modes détectés par la psychologie environnementale (partie 4). La cinquième situe cette genèse dans les développements de politiques actuelles de pistes stratégiques de « life design » pour concrétiser une transition écologique urgente et vitale. Le préfixe “éco” semble propulsé par la montée d’un paradigme transdisciplinaire de formation tripolaire de la vie en auto-, socio- et écoformation. Ce paradigme est encore vert. Mais le faire mûrir peut être une condition pour ne pas mourir.
Mots-clés : écoformation, écologie, transdisciplinarité, transition, paradigme

Lifelong eco-formation or eco-deformation in the Anthropocene era

This review explores the genesis of ecoformation, a neologism that is still little known. The first part reviews its historical emergence since the end of the 20th century, as triggered by the rise of a catastrophic eco-deformative crisis. The second and third sections analyze this disclosure within the trip- olar positioning of adult learning science (between self, others and nature) which is at work in experiential, transdisciplinary and transcontinental ways, east v. west, north v. south. Rather than as separate units, these invisible but vital “betweens” are investigated in interactive, organic and above all transactional ways, according to environmental psychology (part 4). The fifth part places this genesis within current policy developments of strategic “life design” avenues to embody an urgent and vital ecological transition. The “eco” prefix seems to be propelled by the rise of a transdisciplinary paradigm of tripolar life formation in auto-, socio- and eco-formation. This paradigm is still green, but nurturing it may be the key to keeping it alive.
Keywords: ecoformation, ecology, transdisciplinarity, transition, paradigm

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Communications de recherche
résumés
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Frédéric Torterat
Professeur des Universités, Université Paul-Valéry, Montpellier 3, Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique Éducation et Formation (LIRDEF)
Thérèse Perez-Roux
Professeure émérite en Sciences de l’éducation, Université Paul-Valéry, Montpellier 3, Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique Éducation et Formation (LIRDEF)
Christine Françoisehérèse
Maître de conférences, formatrice en Inspé, Icare (Institut coopératif austral de recherche en éducation) – Université de La Réunion

Discours critiques de formateurs expérimentés en contexte de réforme : à partir d’un corpus d’entretiens (2022-2023)

La présente étude, qui s’inscrit dans le cadre d’une enquête nationale accomplie en deux temps, en 2022 et 2023, s’intéresse aux constats et analyses que dressent des formateurs en charge de supervision, à la suite d’une réforme instituée dans les secteurs de l’éducation et du professorat en 2019. Basé sur les réponses recueillies parmi un échantillon représentatif de 27 entretiens (sur 254 enquêtés par voie de questionnaire ayant consenti à prolonger la première phase d’investigation), l’article explore comment s’expriment des avis variablement critiques, chez ces acteurs expérimentés, sur un contexte de réforme ayant fait l’objet de nombreuses contestations.
Mots-clés : discours, formation, réformes, discours critique, entretiens

Critical viewpoints on training: through interviews in context of reform

As a part of a national survey carried out in two phases in 2022 and 2023, the present study examines the findings and analyses of supervisory trainers in the time of a reform in the fields of education and teaching (2019). Based on responses gathered from a representative sample of 27 interviews (out of 254 questionnaire respondents who agreed to extend the first phase of investigation), the article explores how these experienced trainers share their varyingly critical opinions on a reform context that has been a subject of many oppositions.
Keywords: discourse, training, reforms, critical discourse, interviews

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Joris Thievenaz
Professeur des Universités en Sciences de l’Éducation et de la Formation, Lirtes (EA 7313), Université Paris-Est Créteil
Marion Paggetti
Enseignante-chercheure en Sciences de l’Éducation et de la Formation, Cesi Lineact (EA 7527), Centre d’Études supérieures industrielles

Produire des connaissances transversales à partir d’une approche « micrologique » de l’activité : un défi pour analyse du travail en éducation-formation 

La question de l’élaboration de connaissances généralisables à partir d’échelles d’analyse microscopiques et situées est à la fois récurrente et fondatrice des démarches de recherche relevant d’approches par l’analyse de l’activité dans le domaine de l’éducation-formation. Même s’il n’est pas toujours explicité et argumenté en tant que tel, ce passage d’observations locales à des interprétations plus générales sur les principes qui organisent l’agir humain et sous-tendent les apprentissages qui lui sont liés reste toujours problématique et à approfondir. C’est en partant de ce constat, et dans le prolongement d’une réflexion épistémologique portant sur les cadres d’analyses mobilisés dans ce domaine de recherche, que cette contribution interroge les conditions du passage d’une étude des micro-gestes de l’activité à une intelligibilité plus générale de l’activité professionnelle. Une première partie expose les intentions et principes sous-jacents à ce qui peut être considéré comme un pari anthropologique inhérent à ce type de travaux de recherche. Une seconde partie étudie dans quelle mesure cette manière d’étudier les situations, les gestes et les procès de travail peut être qualifiée de « micro- logique ». Dans une troisième et dernière partie est présenté un exemple d’analyse qui consiste à se rapprocher au plus près des activités de travail pour tenter d’identifier des processus structurants et plus généraux dans l’exercice du métier et dans son apprentissage.
Mots-clés : analyse du travail en éducation-formation, micrologie, généralisation, épistémologie

Producing cross-disciplinary knowledge from a “micrological” approach to activity: a challenge for work analysis in training and education

Developing generalizable knowledge from microscopic, situated scalesof analysis is both a recurrent and fundamental question for researchapproaches based on activity analysis in the field of education and training.Even though it is not always explained and argued as such, this transitionfrom local observations to more general interpretations of the principlesthat organize human action and underpin the learning associated with itremains problematic and in need of further study. Following on from anepistemological reflection on the analytical frameworks mobilized in thisfield of research, this contribution examines the conditions for movingfrom a study of the micro-gestures of activity to a more general understanding of professional activity. The first part sets out the intentions andprinciples underlying what can be considered the anthropological gambleinherent in this type of research. The second part examines the extent towhich this way of studying work situations, gestures and processes can bedescribed as “micrological”. The third and final part presents an exampleof an analysis that involves getting as close as possible to work activities, inan attempt to identify more general, structuring processes in the exercise ofthe trade and its learning.
Keywords: activity, details, gestures, scales

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