Pour chaque n° : présentation de la table des matières, de l’éditorial et des résumés (français, anglais depuis le n° 2)
n° 40
L’analyse de l’activité
et sa verbalisation
Éditorial
Note de synthèse
Alain Mouchet, Comprendre l’activité en situation : articuler l’action et la verbalisation de l’action
Articles de recherche
Hugues Pentecouteau et Pierre Servain, L’engagement dans une formation immersive en langue bretonne. Le cas de KEAV – Kamp Etrekeltiek ar Vrezhonegerion
Alain Colsoul, Françoise Robin. Développement professionnel d’enseignants et réflexivité. Quels seuils ? Quelles étapes
Comptes-rendus de lecture
Guy Brucy, Françoise F. Laot, Emmanuel de Lescure (dir.) (2015). Former les militants, former les travailleurs : les syndicats et la formation depuis la Seconde guerre mondiale
Françoise F. Laot, Rebecca Rogers (dir.) (2015). Les sciences de l’éducation : émergence d’un champ de recherche dans l’après-guerre
Benjamin Castets-Fontaine (2011). Le cercle vertueux de la réussite scolaire : le cas des élèves de Grandes écoles issus de « milieux populaires »
Éditorial
Cette nouvelle livraison de Savoirs s’ouvre sur une note de synthèse qui entend rendre compte de l’activité humaine en situation, dans sa dimension formative. Le projet est d’autant plus ambitieux que la littérature académique et professionnelle est abondante sinon surabondante.
Avec l’analyse de l’activité humaine, on touche au plus près de l’objet-carrefour. Au carrefour des disciples de sciences humaines et sociales d’abord, pour ce qui concerne les perspectives ici recensées.
Au carrefour des champs de pratiques ensuite, pour ce qui a trait aux traces de l’activité qu’il s’agit de comprendre.
Dans le cadre de la note de synthèse, Alain Mouchet propose de s’en tenir (mais c’est déjà beaucoup !) à l’analyse des « approches qui s’intéressent à l’expérience subjective vécue en situation, c’est-à-dire à ce que les acteurs font et à la façon dont ils vivent ce qu’ils font ».
Cette orientation est parfaitement complémentaire de celles proposées par Patricia Champy-Remoussenard en 2005 (n° 8) et Claire Tourmen en 2014 (n° 34) et on ne saurait trop conseiller aux lecteurs de Savoirs de s’y reporter et d’en faire une lecture croisée. Alain Mouchet, quant à lui, mobilise ici trois approches qui répondent aux attendus de son projet. Toutes trois développent un cadre théorique conséquent, proposent des ressources méthodologiques éprouvées et s’organisent autour d’une figure tutélaire : la psychophénoménologie initiée par Pierre Vermersch, l’observatoire du cours d’action établi par Jacques Theureau et la clinique de l’activité impulsée par Yves Clot. Toutes trois surtout « sont animées par l’intérêt pour l’analyse des actions vécues en situation, en valorisant la subjectivité des acteurs, c’est-à-dire leur propre point de vue sur les actions passées ».
Comme à l’accoutumée, des articles de recherche complètent ce numéro.
Le premier s’appuie sur une enquête ethnographique conduite à l’occasion de la tenue de stages résidentiels à destination d’adultes ayant pour projet d’apprendre la langue bretonne. L’article vise à rendre compte des logiques et des formes d’engagement individuel et collectif que les auteurs repèrent dans le cadre de leur enquête en immersion.
Le deuxième article interroge l’articulation entre « développement professionnel » et « réflexivité » chez des enseignants. L’ambition des auteurs est explicitement de travailler le lien entre ces deux items et de permettre un réinvestissement en formation des résultats de la recherche.
Comité de rédaction de la revue Savoirs.
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Articles de recherche
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Hugues Pentecouteau, Pierre Servain
– maître de conférences en Sciences de l’éducation, Département de sciences de l’éducation, CREAD 3875, Université Rennes 2.
– ingénieur d’études et doctorant en sociologie, LABERS EA 3149, Université de Bretagne occidentale
L’engagement dans une formation immersive en langue bretonne
Le cas de KEAV – Kamp Etrekeltiek ar Vrezhonegerion
Résumé : À partir d’observations participantes menées dans une formation immersive en langue bretonne (Kamp Etrekeltiek ar Vrezhonegerion – KEAV), les auteurs analysent les formes d’engagement en formation comme étant à la fois individuelles et collectives. Si l’engagement collectif s’inscrit dans une démarche militante culturelle et politique en valorisant la dimension communautaire, l’engagement des individus en formation ne peut se faire que s’il existe un positionnement individuel et volontaire. C’est par conséquent à la condition d’un engagement pour soi, ayant du sens pour l’individu, que l’engagement collectif peut devenir, dans un second temps, un espace formatif, dans et par la sociabilité. L’engagement individuel est présenté ici comme une stratégie individuelle à deux entrées, se combinant le plus sou- vent l’une avec l’autre : un questionnement sur la filiation (linguistique) et un positionnement pragmatique sur les bénéfices de cet apprentissage.
Mots clés : immersion linguistique, sociabilité immersive, engagement en formation.
Engaging in an immersion course to learn Breton
Abstract : Based on participating observations of an immersion course in the Breton language (Kamp Etrekeltiek ar Vrezhonegerion-KEAV), the authors analyze participants’ engagement to learn as both an individual and a collective phenomenon. If collective engagement subscribes to a cultural and political activist approach by valuing the community dimension, individual engagement to learn is contingent upon an individual and voluntary position. It is because of self-engagement at the individual level that collective commitment can give rise to a learning space in and through sociability.
Individual engagement is presented here as a two-fold individual strategy: a sense of linguistic kinship on the one hand, and a pragmatic awareness of the advantages of this learning, on the other.
Keywords : linguistic immersion, immersive sociability, engagement to learn.
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Alain Colsoul, Françoise Robin
– maître de conférences à l’Université libre de Bruxelles et membre du CRSE (Centre de recherches en Sciences de l’éducation)
– chercheuse à l’Université libre de Bruxelles et membre du CRSE (Centre de recherches en Sciences de l’éducation)
Développement professionnel d’enseignants et réflexivité
Quels seuils ? Quelles étapes ?
Résumé : L’article restitue les résultats d’une analyse d’un dispositif de pratique réflexive à l’intention d’enseignants volontaires. Un praticien réfléchi est capable de recourir à la réflexion « dans et sur l’action » (Schön, 1994) lors de situations inattendues. Les travaux de Jorro (2005) permettent d’établir la liaison entre la pratique réflexive et le développement professionnel. L’auteure envisage l’évolution du positionnement réflexif des praticiens selon des étapes qui correspondent à l’évolution dans le métier et qu’elle qualifie de seuils : le reflet, l’interprétation et la critique-régulatrice. Ce dernier seuil concerne la mise en place de stratégies alternatives au fonctionnement habituel. Il ne semble pratiquement jamais atteint. Pour envisager la possibilité d’accéder à ce seuil, nous proposons d’examiner l’apport de références théoriques conjugué à celui du groupe de pairs.
Mots clés : pratique réflexive, développement professionnel, enseignement.
Teachers’ professional development and reflexivity
What thresholds ? What steps ?
Abstract : The article presents the results of an analysis of a reflection- on-practice procedure for voluntary teachers. A reflective practitioner is able to reflect “in and on practice” (Schön, 1994) in unexpected situations. The work of Jorro (2005) established the connection between reflective practice and professional development. The author theorizes the development of reflective practice as occurring in three stages that correspond to periods of professional development and which can be described as thresholds: reflection, interpretation and regulatory-critical distance. This last threshold concerns the implementation of alternative strategies to usual or habitual functioning. It seems but rarely attained. In order to access this threshold, we suggest examining the contribution of theoretical references along with that of peer collaboration.
Keywords : reflective practice, professional development, teaching.
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n° 41
Les obstacles à la formation
en entreprise
Éditorial
Philippe Carré
Note de synthèse
Claudie Solar, Daniel Baril, Jean-François Roussel, Nancy Lauzon, Les obstacles à la formation en entreprise
Articles de recherche
Anne-Paule Duarte, Les situations de crise à l’hôpital : défis ou opportunités d’émergence de l’apprenance ?
Élisabeth Ollivier, Questionner une situation porteuse d’apprentissage potentiel sur le lieu du travail : une proposition pour la formation d’Assistant de service social (ASS)
Comptes-rendus de lecture
Jean-Marie BarBier, Richard WittorSki (dir.) (2015). Dossier « La formation des adultes, lieu de recompositions ? », Revue française de pédagogie, n° 190
Solveig Fernagu-Oudet, Christian Batal (dir.) (2016). (R)évolution du management des ressources humaines : des compétences aux capabilités
Françoise F. Laot, Madeleine Maillebouis (dir.) (2016). Marcel Lesne. Cheminement d’un théoricien de la formation : souvenirs et rencontres
Valérie Lussi Borer, Marc Durand, Frédéric Yvon (dir.) (2015). Analyse du travail et formation dans les métiers de l’éducation
Vie de la recherche
n° 1 – Méthode de repérage des thèses soutenues en 2014 et 2015 liées à la formation des adultes
Éditorial
À l’heure où ces lignes sont écrites, le rapport « Regards sur l’éducation 2016 » de l’OCDE confirme les mauvais résultats de la France en termes de participation des adultes à la formation1. Selon cette source, moins de 40 % des adultes (25-64 ans) ont participé à une activité de formation en 2012. Ce résultat est « nettement inférieur à la moyenne des 33 pays étudiés » (soit 50 % de participants), la France se classant à la 25e place, conformément aux années précédentes. Cette nouvelle preuve de la fracture nationale entre ampleur du débat (juridique, politique, sociologique) sur la formation et modestie des réalisations, à l’heure du programme des « 500 000 formations », encourage le développement de recherches sur la non-participation et ses motifs.
De ce premier point de vue, la note de synthèse sur « les obstacles à la formation en entreprise » ci-après proposée par Solar, Baril, Roussel et Lauzon tombe à pic. Elle a également le mérite de nous présenter, une nouvelle fois, une vision de la question non strictement hexagonale, réunissant une masse impressionnante de travaux francophones et anglophones sur la question des freins et des leviers à l’engagement en formation. Enfin, last but not least, les auteurs construisent par ce travail une conception novatrice des recherches sur la participation : à partir de la notion d’obstacle, ils en analysent les causes en évitant à la fois les écueils d’un sociologisme trop exclusivement centré sur les dimensions structurelles du phénomène et ceux d’un psychologisme braqué à l’inverse sur les seules dimensions biographiques et motivationnelles de l’engagement en formation. Ils proposent un « déplacement de focale » qui éclaire des « problématiques plus larges », permet de « mieux articuler les problématiques individuelles et organisationnelles » débouchant sur une typologie double des obstacles qui prend en compte, simultanément, les facteurs dispositionnels et contextuels de la participation. Cette entrée double, peu classique sous nos cieux, trouverait aisément sa caution théorique à la fois en psychologie sociocognitive (par exemple chez Bandura 2) et en sociologie de l’individu (par exemple chez Lahire 3). C’est dire la double portée de ce type de recherche qui transcende les clivages coutumiers entre sociologie et psychologie de la formation.
Les deux articles de recherche présentés dans ce numéro ensuite abordent la thématique en plein essor de l’apprentissage en situation de travail. On pourrait y voir une relativisation de la « mauvaise nouvelle » de l’étude de l’OCDE mentionnée ci-dessus : même si les statistiques des grands organismes ont quelque peine à en saisir la prégnance, il est aujourd’hui largement accepté que la formation ne peut se laisser enfermer dans les bornes étriquées des actions formelles, organisées, repérables.
Duarte nous livre une première exploration des occasions d’apprentissage que représentent les situations de crise à l’hôpital, tandis qu’Ollivier interroge le caractère formateur de la confrontation des assistants sociaux débutants aux situations de demande financière des personnes, et son impact pour « l’apprentissage des règles du métier et la construction identitaire professionnelle ».
Les thèmes de l’apprentissage au cours du travail, des situations potentielles d’apprentissage, de l’accompagnement et de l’alternance traversent ces deux textes, et nous confirment l’urgence d’un élargissement de nos conceptions de « la » formation et d’un déplacement du regard vers les multiples apprentissages informels, souterrains, buissonniers, voire transgressifs, qui forment la trame quotidienne du travail… et échappent à la feuille de présence ou aux plans de formation.
Ce numéro est enfin à marquer d’une pierre blanche : Olivier Las Vergnas, membre des comités de rédaction des revues Savoirs et Transformations inscrit dans ce double cadre une édition renouvelée de la rubrique « Vie de la recherche », longtemps assurée dans ces colonnes par Françoise Laot. Cette première livraison est consacrée à la méthodologie déployée par l’auteur pour tenter de donner, au fil des prochains numéros, une vision compréhensive de la production doctorale du champ. Outre l’innovation que représente la publication simultanée dans les deux revues, on peut raisonnablement espérer du travail entrepris une avancée significative dans la mise en visibilité des nombreuses recherches conduites sur la formation des adultes dans le milieu universitaire, trop souvent confiné à l’intimité rassurante d’équipes de recherche isolées.
Philippe Carré
1) Bulletin AEF du 16 septembre 2016.
2) Bandura, A. (1986). Social Foundations of Thought and Action. Upper Saddle River, NJ : Prentice Hall.
3) Lahire, B. (2013). Dans les plis singuliers du social. Paris : La Découverte.
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Articles de recherche
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Anne-Paule Darte
Formatrice, Institut de formation en soins infirmiers – Cochin La Rochefoucauld.
Les situations de crise à l’hôpital : défis ou opportunités d’émergence de l’apprenance ?
Résumé : Cette étude qualitative a pour objectif d’explorer les opportunités d’apprenance inhérentes aux situations de crise à l’hôpital. L’enquête de terrain a été conduite sous forme d’entretiens auprès de 31 professionnels de santé de divers établissements hospitaliers. Une cartographie des situations de crise recensées aux niveaux macro et micro de l’organisation a été élaborée à partir des récits. L’apprenance se manifeste sous forme d’apprentissages informels et met en évidence une organisation apprenante. Les professionnels de santé révèlent de véritables compétences intrapersonnelles et interpersonnelles. Une démarche autoréflexive avec un sentiment d’efficacité personnelle et une mutualisation des diverses trajectoires de vie, de formation et professionnelle émerge.
Mots clés : apprenance, crise, intelligence émotionnelle, professionnels de santé
Hospital crisis situations : Challenges or opportunities for the emergence of learnance?
Abstract : This qualitative study explores the opportunities for learnance inherent in hospital crisis situations through an empirical investigation based on interviews with 31 health professionals from several French hospitals. A mapping of crisis situations at both macro and micro levels of the organization was carried out based on participants first-hand accounts. Learnance appears in the form of informal learning and highlights the institutional context as a ìlearning organization. Health professionals demonstrate genuine intra- and interpersonal skills. A self-reflective approach to learning on the job emerges along with personal self-efficacy and a pooling of diverse resources that are rooted in training as well as in professional and personal experience.
Keywords : learnance, crisis events, emotional intelligence, health professionals.
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Élisabeth Ollivier
Formatrice en travail social. Doctorante au Centre de recherche en éducation de Nantes (CREN), ED CEI, Université de Nantes
Questionner une situation porteuse d’apprentissage potentiel sur le lieu du travail : une proposition pour la formation d’Assistant de Service Social (ASS)
Résumé : La formation d’ASS, réformée dans le cadre général du processus de Bologne, est adossée depuis 2004 à un certain nombre de référentiels. Le principe de l’alternance est réaffirmé et la place des « terrains » renforcée. La prescription d’une alternance intégrative représente une opportunité pour interroger la formation initiale et continuée. Dans le cadre d’une recherche compréhensive qui porte sur l’activité de tutorat des ASS auprès de stagiaires, nous tentons de comprendre, dans une optique de didactique professionnelle, les chemins empruntés par les débutants dans leur apprentissage professionnel et les questions qui se posent à leurs accompagnateurs. Dans cet article, nous spécifions en quoi et comment une situation du répertoire professionnel « l’aide financière », dans son extension conceptuelle, peut se révéler pertinente pour l’apprentissage des règles du métier et la construction identitaire professionnelle.
Mots clés : alternance, situation, étude aide financière, tutorat, assistant de service social.
Exploring a potential learning situation in the work place: a proposal for social worker training
Abstract: Since undergoing reforms as part of the Bologna process, social worker training has been based on a competency framework since 2004. The principle of training combining work and academic studies is reaffirmed as well as the role of the “field.” This prescription of work-linked training and study offers an opportunity to assess initial training and continuing education. As part of a comprehensive investigation exploring the interaction between social work tutors and their trainees, we sought to understand, from a professional didactics point of view, the kinds of questions beginners ask themselves and their tutors early on in their professional training. In this article, we identify how one particular situation of the professional repertoire, the “financial aid situation,” may be relevant for learning about the profession and constructing one’s professional identity.
Keywords: work-linked training, situation, financial aid, tutoring, social worker.
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n° 42
Éducation populaire
Éditorial Véronique Leclercq
Note de synthèse – Research review
Laurent Besse, Frédéric Chateigner, Florence ihaddadene, L’éducation populaire, Popular education
Articles de recherche – Research articles
Goucem Redjimi, Des animateurs socioculturels dans une démarche de VAE :
typologie des projets à l’œuvre
The role of socio-cultural facilitators in the validation of acquired experience:
A project-based typology
Karen Evans, Chiara Biasin, Capacité d’agir et d’apprendre à 50 ans : trajectoires de vie des femmes, Agency, Learning and Identity in Women’s Life Trajectories
Comptes-rendus de lecture – Reading Reviews
Pierre Dominicé (2015). Au risque de se dire
Eduardo Davel et Diane-Gabrielle TremBlay (2011). Formation et apprentissage organisationnel
Lucie Tanguy (2016). Enseigner l’esprit d’entreprise à l’école : le tournant politique des années 1980-2000 en France
Vie de la recherche – Life in the research field
n° 2 – Thèses soutenues en France jusqu’en 2015 et indexées comme liées à l’éducation des adultes
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Éditorial
Élaborer une note de synthèse sur l’éducation populaire dans le contexte actuel de la formation d’adultes marqué par la prédominance des préoccupations socio-économiques peut relever du défi. De plus, les difficultés à définir clairement cette forme d’éducation, le poids des références passéistes et mystifiées (« la légende » de l’éducation populaire de l’après-guerre !), le caractère protéiforme des travaux sur ce champ de pratiques constituent autant d’obstacles potentiels à une synthèse. Les trois auteurs de la note de synthèse du présent numéro ont relevé le défi et ont réussi à contourner ces obstacles en proposant un texte stimulant, entremêlant une analyse historique des différentes approches de l’éducation populaire et une présentation argumentée de travaux portant sur ce secteur éducatif.
Les auteurs n’éludent pas l’épineuse question de la définition de l’éducation permanente posée dès l’introduction du texte. Cette forme éducative renvoie à un ensemble hétérogène d’activités et, pour mettre quelque peu d’intelligibilité dans ce foisonnement de références possibles, Laurent Besse, Frédéric Chateigner et Florence Ihaddadene classent ces pratiques en deux grandes familles. À côté des formes anciennes renvoyant aux mouvements de jeunesse et au monde associatif de l’animation socioculturelle, il existe une facette de l’éducation populaire plus récente associant critique sociale et éducation politique des adultes. Cette relance est marquée par deux entreprises que les auteurs qualifient de « pionnières » : l’Offre publique de réflexion sur l’éducation populaire lancée par M.-G. Buffet de 1998 à 2001 et l’action de l’association ATTAC revendiquant dès 1998 l’appellation « mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action ». Dans le premier cas, les actions se sont institutionnalisées peu à peu et correspondent au secteur « Jeunesse et éducation populaire (JEP) » qui s’est développé entre le Front populaire et les années 1970. Dans le second cas, l’éducation populaire se définit par une nouvelle forme de contestation, qui échappe aux organisations politiques traditionnelles. Pour les auteurs, cette distinction entre deux familles ne rend pas totalement compte de l’hétérogénéité des activités réalisées au nom de l’éducation populaire ; ils considèrent que celle-ci se définit par ce que les groupes font en son nom.
À la multiplicité des formes d’actions éducatives se réclamant de l’éducation populaire correspond un foisonnement de publications que les auteurs 7 choisissent de structurer autour de trois disciplines scientifiques croisant sociologie et histoire. Une première partie rend compte de travaux convoquant l’histoire sociale et culturelle à partir de la fin des années 1970. Les objets sont variés : les universités populaires de la fin du XIXe siècle, les politiques de jeunesse, l’origine des centres sociaux, les techniques de formation spécifiques, les bibliothèques populaires, etc. Une seconde approche sociologique contribue à éclairer les spécificités du monde associatif très majoritaire dans l’éducation populaire et analyse l’engagement des militants et des bénévoles, les transformations du secteur vers les dimensions productives au milieu des années 1990, les formes du salariat atypique, situé entre le privé lucratif et la fonction publique, les relations du travail dans le monde associatif. Dans un troisième point, des travaux de science politique sont répertoriés. Le texte analyse les différents « cycles » historiques traversés par l’éducation populaire (émergence, consécration, déclin) depuis la fin du XIXe siècle et s’attarde sur les multiples modalités de relance actuelle de ce type d’éducation. La note de synthèse fait état de recherches sur ce renouveau marqué par une centration sur l’éducation politique des adultes, recherches parfois effectuées par des militants-chercheurs. Une dernière partie propose une ouverture vers des dimensions internationales. Mais les auteurs soulignent les difficultés à les prendre en compte. La faible internationalisation des pratiques et les obstacles à l’analyse comparative (usages divergents du vocabulaire, histoire politique et éducative spécifique à chaque pays, etc.) conduisent les auteurs à choisir plus modestement d’évoquer l’usage que font les publications françaises de modèles étrangers (Québec, Amérique latine, Belgique). Au total, cette note de synthèse propose aux lecteurs une documentation fournie correspondant à des objets de recherche multiples : le cinéma éducatif, les prêtres de patronage, les colonies de vacances ou les Maisons de jeunes et de la culture !… Elle met au jour la multiplicité des types d’écrits répertoriés : travaux historiques de type militant ; essais relevant de la profession de foi ; rapports institutionnels ; publications de résultats de recherches empiriques ; thèses, etc. Les lecteurs retrouveront les références de publications pionnières sur l’éducation populaire, celles de Benigno Cacérès, Geneviève Poujol ou Françoise Tétard, mais aussi les références des travaux effectués par un certain nombre d’institutions : l’Institut national de l’éducation populaire, l’Institut national de la jeunesse, le Pôle des archives de jeunesse et d’éducation populaire. La note de synthèse fournit également une mine d’informations sur des thèses ou des rapports de recherche moins connus. Enfin, cette rétrospective illustre la modernité des thèmes de recherche liés à l’éducation populaire : travail et engagement militant et bénévole, formes 8 émancipatrices de l’éducation, éducation politique et civique des adultes, évolutions institutionnelles du travail social et de l’animation. Elle montre aussi l’intérêt des recherches actuelles, souvent menées par de jeunes chercheurs, qui s’intéressent davantage aux pratiques réelles des acteurs qu’aux discours sur l’éducation populaire.
À la suite de la note de synthèse figurent deux articles de recherche. L’article intitulé « Des animateurs socioculturels dans une démarche de VAE : typologie des projets à l’œuvre » tisse des liens évidents avec la note de synthèse, puisqu’il concerne les exigences de professionnalisation dans le secteur du social et du culturel, proche de l’éducation populaire. Les organisations de travail veulent fabriquer des professionnels et la VAE est un des moyens utilisés. La recherche se focalise sur les points de vue de 42 animateurs et analyse les formes d’engagement dans le processus de VAE à partir de la notion de projet. Pour Goucem Redjimi, l’engagement en formation, via la VAE, constitue un cadre privilégié d’observation de l’articulation entre logiques institutionnelles et dynamiques identitaires des acteurs. Le texte met en évidence trois types de projet et de rapports aux injonctions des organisations en lien avec les schémas représentationnels des sujets enquêtés.
Au total, le texte montre, comme d’autres travaux sur la VAE, que ce mode de professionnalisation cristallise des tensions et s’avère inégalement productif.
La seconde contribution est en anglais et illustre une des façons qu’a la revue de s’ouvrir aux recherches non hexagonales. L’article intitulé « Learning and identity narratives in women’s life trajectories » est écrit par Karen Evans de l’Université de Londres et par Chiara Biasin de l’Université de Padoue. Sur la base d’une analyse longitudinale conduite par le National Child Development Study auprès de personnes nées au Royaume-Uni en 1958, l’étude Social Participation and Identity analyse les trajectoires et histoires de vie d’un échantillon de personnes âgées de 50 ans, et notamment celles d’une cohorte de 110 femmes qui ont été amenées à parler de leur vie, à donner une définition de soi et à raconter des moments clés de leur existence. L’article se focalise sur une partie de cette cohorte et met en évidence seize auto-représentations de l’identité dans lesquelles l’agentivité, la capacité d’autodirection dans l’apprentissage et la capacité de contrôle de son existence sont différemment affirmées. Nous souhaitons à tous bonne lecture de ce numéro 42.
Véronique Leclercq
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Articles de recherche
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Goucem REDJIMI
L’auteure est chercheure au CRF/CNAM et enseigne à Paris-Ouest Nanterre
Des animateurs socioculturels dans une démarche de VAE : typologie des projets à l’œuvre
Résumé : Les effets des profondes mutations sociales sur le champ de l’animation socioculturelle impliquent diverses recompositions qui concernent aussi bien le métier lui-même que la formation à l’animation. Ces dispositions se révèlent dans les discours, et plus généralement dans le champ de l’intervention sociale, par des exigences de professionnalisation. Les organisations de travail s’appuient sur la formation pour « fabriquer » des professionnels. Mais les nouveaux paradigmes éducatifs à l’œuvre, dont l’individualisation des parcours de formation, posent question. La VAE en fait partie. C’est donc en partant de la notion de projet, prise comme axe d’analyse, qu’a été dégagée la typologie présentée dans cet article. L’enquête menée auprès d’animateurs socioculturels montre que l’engagement dans une démarche de validation des acquis de l’expérience revêt des formes di- verses selon les schémas représentationnels et les rapports à la formation des sujets enquêtés.
Mots clés : VAE, animateurs socioculturels, rapport à la formation, typologie de projets.
The role of socio-cultural facilitators in the validation of acquired experience: A project-based typology
Abstract: The effects of profound changes in society on the field of community work imply various reconfigurations that effect the profession itself as well as facilitation training. These developments appear in dis- course, and more generally in the field of social work, as a demand for professional standards. Work organizations rely on training to “produce” professionals. But emerging educational paradigms, including individualized training or personalized curricula, raise several questions. The validation of acquired experience (VAE) is one such paradigm. The typology presented in this article derives from the notion of a project approach which is used as an analytical axis. The survey conducted on community and social workers shows that commitment to the process of validating acquired experience is different according to the subjects’ belief patterns and relation to training.
Keywords: VAE, socioculturals animators, report to training, project typology.
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Karen Evans, Chiara BIASIN
UCL Institute of Education, University of London, United Kingdom
University of Padua, Italy
Agency, Learning and Identity in Women’s Life Trajectories
Abstract : Drawn from the longitudinal panel research of the National Child Development Study (NCDS), a sample of 110 women aged fifty years old from England, Scotland and Wales were interviewed as part of the Social Participation and Identity sub-project. They were invited to tell their life stories, to give a self-definition of identity and to describe the turning points in their lives. They were also invited to choose a visual representation of their life trajectories, either selecting from 8 given figures with the possibility of drawing their own version. We analyse the resulting life course diagrams which were drawn, focusing on self representations in which agency and learning are reflected in the associated personal narratives on turning points. Emphasis is given to the links between agency and learning and identity development within the perspective of the life trajectories.
Key words : life course, women aged 50, life trajectories, agency, identity
Capacité d’agir et d’apprendre à 50 ans : trajectoires de vie des femmes
Résumé : Sur la base d’une analyse longitudinale conduite par le National Child Development Study auprès de personnes nées au Royaume-Uni en 1958, l’étude Social Participation and Identity analyse en profondeur les histoires de vie d’une partie d’entre elles à l’âge de 50 ans. 222 entretiens ont ainsi été réalisés en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles. Plus spécifiquement, un échantillon de 110 femmes de 50 ans a été retenu, en focalisant l’attention sur les réponses à 5 des 31 questions prévues dans le cadre des entretiens. Les femmes ont ainsi été invitées à parler de leur histoire de vie, à donner une définition de soi, en racontant les événements-clé de leur existence.
L’une de ces questions les invitait notamment à choisir une représentation visuelle de leur parcours de vie parmi 8 schémas, avec la possibilité pour elles d’esquisser également leur trajectoire de vie. L’article explore plus particulièrement les diagrammes du parcours de vie tracés par 31femmes n’ayant opté pour aucun des huit modèles suggérés. Ce choix est appréhendé comme une forme d’expression de soi, voire d’autodéfinition de son identité personnelle qui sollicite des formes d’agentivité et de responsabilité. Au final, l’article met l’accent sur 16 auto-représentations de l’identité dans lesquelles l’agentivité et la capacité d’apprendre sont différemment affirmées.